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Correspondance-1914-1918-CharlesBarret
19 février 2016

10 décembre 1915 – Arrivée aux armées – quelques consignes pour le courrier

10 déc. 1915

Lettre de Charles à ses parents

 

 

le 10 décembre 1915

 

Chers parents,

 

J’ai reçu ce matin avec un bien vif plaisir la lettre de maman datée du 6 courant. C’est la première lettre qui me parvient dans la zone des armées et c’est une grande joie que j’ai éprouvée en recevant ces nouvelles de l’intérieur. Je suis heureux que tous soyez en bonne santé et j’espère que l’indisposition de Raoul ne sera pas de longue durée. Je me porte moi-même toujours aussi bien.

D’ailleurs il fait une véritable température d’été. Je ne souffre pas du tout du froid. Depuis que nous sommes arrivés la pluie n’a pas cessé de tomber. La Meuse inonde entièrement la plaine. Aussi le climat est-il légèrement humide. Mais nous savons nous soigner et prendre les précautions nécessaires à notre santé. Nous sommes toujours très bien nourris et nous avons organisé aujourd’hui une petite chambrée modèle dans notre vieille grange. Tout est propret et bien installé. Nous avons chacun notre paillasse, un sac à viande et une couverture. Nous mettons dessus un couvre pieds et la capote. Tout est comme à Saint Paul et pour moi, même mieux car je n’ai plus ces maudits courants d’air qui m’obligeaient à prendre chaque nuit un passe-montagne.

Dans les lettres que vous m’envoyez, ne mentionnez pas je vous prie la localité où je me trouve ; le N° de secteur suffit. Cela est très grave car il nous est interdit sous peine de très sévères punitions de donner des renseignements sur notre situation dans la zone des armées.

Pour le moment nous sommes toujours au village où nous avons débarqué qui se trouve à 4 km de celui où nous avons passé une huitaine de jours. Nous y resterons définitivement pendant les quelques mois que nous devons passer à l’arrière, c’est à dire jusqu’au printemps prochain, car tout est organisé ici pour un long séjour.

Il ne me manque absolument rien. J’ai donc moi tout ce dont j’ai besoin. Je vous avertirai dès qu’il me faudra quelque chose. Je ne sais si je peux recevoir des paquets par la gare, je crois que seuls les colis postaux sont permis ; renseignez-vous toujours.

Dans le prochain colis que vous m‘enverrez, joignez-y je vous prie une pile électrique pour ma lampe.

Les vivres que j’ai emportés de Valence m’ont fait presque une semaine ; j’en avais encore ces derniers temps et pourtant je les avais partagés avec plusieurs camarades. Tout était excellent. Je vous en remercie beaucoup et j’en remercie aussi tante Gabrielle.

J’espère que j’aurai souvent de vos nouvelles qui me font tant plaisir.

Je vous embrasse comme je vous aime.

 

                                                                  Charles

 

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Correspondance-1914-1918-CharlesBarret
  • Correspondance de Charles Barret, soldat au 157ème puis 159ème régiment d'infanterie, durant la guerre de 14-18 Homme érudit doté d'une grande aisance rédactionnelle, il témoignage d'une époque, du fond des tranchées (Verdun, l'Argone, la Somme, ...)
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